La classe politique en ébullition après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale

Les réactions d’approbation et de désapprobation se sont multipliées dans la classe politique à la suite de l’annonce par le chef de l’Etat de la dissolution de l’Assemblée nationale et de la tenue le 17 novembre de nouvelles élections législatives.

”En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil Constitutionnel sur la bonne date, le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée nationale, sur l’opportunité, je dissous l’Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024”, a dit Bassirou Diomaye Faye, dans un message à la nation.

Il a expliqué avoir pris cette décision par la volonté de ”demander au peuple souverain les moyens institutionnels” qui lui permettront ”de donner corps à la transformation systémique” qu’il avait ”promise”.

Le groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), qui détenait la majorité dans l’Assemblée dissoute, a déploré un ‘’’parjure’’ et a pointé du doigt ‘’une manœuvre cynique orchestrée en collaboration avec le Premier ministre’’.

Dans un communiqué publié dans la foulée de la déclaration du président de la République, BBY appelle à la mobilisation des Sénégalais épris de justice et de liberté à se dresser contre ce qu’elle décrit comme un ‘’retour à une époque révolue’’.

Imposer une cohabitation 

‘’Il devient urgent de constituer une alternative responsable face à ce gouvernement, et ceci dans l’intérêt unique du peuple sénégalais’’, a déclaré la présidente du mouvement Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC), Anta Babacar Ngom.

Dans un communiqué publié sur le réseau social X, la candidate malheureuse à la dernière présidentielle, appelle à une mobilisation pour imposer une cohabitation parlementaire au régime.

‘’Le 17 novembre 2024, il ne s’agira pas simplement d’une élection. Il s’agira de l’avenir de notre démocratie. (…). Mobilisons-nous pour un Sénégal où le pouvoir n’est plus un monopole, mais une responsabilité partagée, contrôlée et équilibrée’’, a-t-elle dit.

L’acte posé par le président Faye ‘’ouvre l’une des plus scabreuses pages de l’histoire institutionnelle du pays’’, a de son côté dit le leader du mouvement Gueum Sa Bopp.

Dans un message publié sur sa page Facebook, Bougane Gueye Dany  appelle les forces vives de la nation à se mobiliser pour sauver le Sénégal face ‘’aux reniements et forfaitures’’.

Thierno Alassane Sall, responsable du mouvement politique, La République des valeurs dénonce un ‘’parjure du président de la République’’.

‘’J’ai été très surpris. Et on dirait qu’au Sénégal, on n’accorde plus d’importance aux promesses. Le président avait écrit à l’Assemblée nationale pour leur dire que la Déclaration de politique générale (DPG) allait se tenir le 13[septembre]’’, a-t-il rappelé sur les ondes de la Radio futurs médias (RFM, privé).

Le candidat malheureux à la présidentielle de mars 2024 qualifie de ‘’filouterie’’ cette dissolution de l’Assemblée nationale actée par le chef de l’Etat à la veille du grand oral du Premier Ministre, Ousmane Sonko.

Dans une vidéo publiée sur Facebook, le président du mouvement de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum abonde dans le même sens.

Le président de la République ‘’prolonge le deuil’’, a-t-il dit en faisant le parallèle avec les morts enregistrés dans le chavirement d’une pirogue à Mbour dans la région de Thiès.

‘’Après les morts par désespoir, le parjure s’installe pour juste satisfaire une soumission indécente envers un Premier ministre qui avait déjà tout annoncé’’, a-t-il regretté.

Une délivrance du peuple de l’emprise des soutiens de Macky Sall

M. Bocoum souligne que même si la Constitution confère au chef de l’Etat les prérogatives de dissoudre l’Assemblée nationale, le procédé par lequel, il a opéré est semblable à une ”honteuse duperie’’.

Le président du mouvement Tabax-Construire, Boubacar Camara, a pour sa part salué la dissolution de l’institution parlementaire, évoquant une ‘’une délivrance du peuple de l’emprise des soutiens de l’ancien président Macky Sall’’.

La majorité parlementaire était dans une posture de blocage pour empêcher au nouveau régime de travailler, a-t-il dit en langue Wolof sur la télévision privée 7TV.

Il est d’avis que le Sénégal doit aller vers une Assemblée nationale qui reflète les aspirations des populations.

M. Camara a ainsi préconisé l’avènement de blocs aptes à accompagner le nouveau régime afin garantir une bonne gestion des deniers publics et de pouvoir engager des réformes importantes pour l’intérêt du peuple sénégalais.

Une position partagée par le président du mouvement Awalé, Abdourahmane Diouf, qui a félicité le Président de la République Bassirou Diomaye Faye ‘’pour sa clairvoyance et son pragmatisme’’.

Le ministre de l’Enseignement supérieur estime que cette dissolution de l’Assemblée nationale va permettre de ‘’tourner la page’’ pour ‘’reconstruire’’ afin d’impulser un nouvel élan’’ et ‘’s’élancer vers un avenir meilleur’’.

Abdourahmane Diouf appelle à une remobilisation ‘’autour de l’essentiel pour mieux servir’’.

FD/AKS/OID

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