Au Sénégal, le bras de fer politique entre opposition et pouvoir se durcit. Face à la menace d’une motion de censure déposée par le camp de l'ancien président toujours majoritaire à l'Assemblée nationale pour faire tomber le gouvernement, l’exécutif a contre-attaqué ce mercredi : le président Bassirou Diomaye Faye a demandé l’ouverture d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale ce jeudi 5 septembre pour éviter l’examen d’une motion de censure.
C'est un peu l'épilogue du bras de fer qui s'est ouvert avec l'opposition lundi qui veut empêcher de supprimer deux institutions jugées trop pesantes sur le budget.
Après le rejet par l'Assemblée nationale, dominée par l'opposition, d'un projet de loi allant dans ce sens, l'exécutif a contourné l'obstacle par décret : le président Bassirou Diomaye Faye a mis fin aux fonctions des présidents du haut Conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique et social.
Transformées en coquilles vides, les deux institutions sont de facto supprimées, c'est en tout cas ce qu'a promis le Premier ministre Ousmane Sonko plutôt dans la journée.
Éviter l'examen de la motion de censure
De la même façon, face à la menace d'une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement, l'exécutif a contre-attaqué en demandant l'ouverture d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale. Une stratégie pour imposer l'examen d'un certain nombre de propositions de loi plutôt que celui d'une motion de censure.
L’article 84 de la constitution sénégalaise donne en effet la priorité au chef de l’État sur l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale d’une proposition de loi.
Avec sa demande de dernière minute pour ouvrir une session extraordinaire consacrée à l’examen de différents projets de loi, le président Bassirou Diomaye Faye a court-circuité la motion de censure qui visait son gouvernement puisque celle-ci ne figure pas sur le programme qu’il a lui-même fixé pour cette session extraordinaire.
Et à l’approche d’une possible dissolution de l’Assemblée nationale, qui pourrait intervenir dès le 12 septembre, la tension entre le pouvoir exécutif et le législatif ne cesse de monter. C’est une sorte de course contre-la-montre entre le pouvoir et l’opposition, pour tenter de fragiliser l’autre camp avec en ligne de mire, déjà, les futures élections législatives.